L’univers coloré et sensuel de Virginie Broquet…

Elle promène son trait de crayon gracieux et son univers coloré depuis des décennies de la BD à la mode, du Carnaval de Nice aux Ambassades du Monde. Aussi discrète et douce que l’esprit qu’elle insuffle au support en le parant couleurs flamboyantes, Virginie Broquet sort de l’ombre et c’est mérité. Rencontre avec une artiste qui cultive la singularité…

 

Elle a travaillé avec Monica Bellucci, Richard Bohringer, Xuly Bet, Isabelle Marant… Et reste, pour autant d’une modestie sans failles lorsqu’il s’agit d’évoquer ses plus belles créations ! Colorée, éclatante, pleine de vie autant que d’humour ou de sensualité, l’œuvre de Virginie Broquet s’adresse au monde, pas aux simples amateurs d’art amidonnés que l’on croise dans les galeries parisiennes de la rive gauche ou les maisons de vente aux enchères.

Virginie, en plein croquis

 

Le monde justement. Elle l’a arpenté, visité, dessiné, reproduit, avant de revenir au cœur de son histoire, au sein de sa maison, Nice. Nissa la Bella, sa ville de naissance, dont elle signe, chaque année, un ou plusieurs chars pour l’emblématique Carnaval de la ville. Elle est d’ailleurs la seule femme à dessiner des chars, et l’édition 2020 fut épique la concernant : « J’ai hérité, cette année, de la responsabilité de donner au Roi et à la Reine du Carnaval un enfant : la Carnavalonne ! »

 

La Carnavalonne imaginée et « croquée » par Virginie

Alors qu’elle phosphorait sur la thématique de l’année, Carnaval, roi de la Mode, Virginie a eu l’idée d’une petite fille en costume de Niçoise. Rousse, le visage piqueté de tâches de son, sa petite poupée s’inspirait d’un jeu d’enfant : « quand j’étais petite, j’habillais et je déshabillais mes poupées de papier en fixant des tenues au moyen d’attaches parisiennes. Je me suis souvenue de ce jeu qui ne coûtait rien mais m’amusais tant et j’ai eu envie de faire de l’enfant royal du Carnaval, une petite poupée… » Bingo ! L’idée a plu et l’esquisse de la petite fille est devenue, entre les mains des carnavaliers, un char grandiose sur lequel une fillette vêtue d’un petit maillot blanc penche vers la foule, alors que son costume folklorique l’attend sagement sur un mannequin de costume.

 

Un Carnaval raccourci, mais une poupée qui l’a marqué !

 

Et même si le Carnaval de Nice 2020 a vu son édition raccourcie, pour cause de risques liés au coronavirus, personne, à commencer par Virginie, n’oubliera la petite poupée du Carnaval : « Sur mon esquisse, elle était gracieuse, charmante, espiègle. Le résultat final, sûrement à cause de l’immensité du char et la posture, penchée vers l’avant, lui ont donné des airs démoniaques. On l’a même comparée à Chucky ! » Un parallèle dont Virginie rit, contre toute attente : « C’est une histoire du quotidien, pour un artiste. Nos œuvres ne nous appartiennent pas, et il faut s’accommoder de l’idée que, si d’autres leur donnent vie, ils ne ressembleront pas forcément à ce que l’on avait imaginé… »

 

La Carnavalonne de Virginie vue par les carnavaliers. Jolie poupée ou Chucky ?

 

Pas question, pour autant, d’être moins fière de sa poupée : « c’était la première petite fille du Roi et de la Reine, dessinée par une femme, la seule femme dessinatrice de chars, alors que ce Carnaval existe depuis plus de 130 ans et que l’appel d’offres, pour postuler, est diffusé dans le monde entier. Alors je ne renie pas ma petite Carnavalonne ! » D’autant que l’édition 2020 du Carnaval était, de l’avis du public, « vraiment splendide. » Sa fin, en revanche, fut un peu triste, la mairie de Nice annulant les dernières sorties des chars de manière précipitée, après la flambée de cas de coronavirus en Italie et l’arrivée de l’infection dans les Alpes Maritimes.

 

Le roi de la Mode du Carnaval de Nice, édition 2020

Mais Virginie, elle, regarde vers l’avenir. Outre les croquis et toiles qu’elle expose, elle publie, dans les mois à venir, un carnet des Ambassades.
«J’ai passé de nombreuses décennies à explorer le monde, de l’Afrique à l’Asie en passant par l’Amérique. » De ses pérégrinations, au fil des ans, naissent des carnets de voyage, ainsi qu’une collaboration avec Richard Bohringer. « Ces carnets m’ont valu de multiples invitations, au sein d’ambassades de pays visités. » Et à chaque invitation dans ces bâtiments magiques représentant la République française en terre étrangère, Virginie ne peut s’empêcher de laisser parler ses crayons. « Un jour, j’ai pris mes croquis et je suis allée au quai d’Orsay leur proposer le projet du carnet ! » Bien lui en a pris, car si l’aventure littéraire a pris plusieurs années, son joli Carnet des Ambassades, aux éditions La Martinière, verra le jour, en librairie, après l’été. « A chaque changement de gouvernement, il a fallu revenir au Quai d’Orsay, se re-présenter, décrire le projet, recréer des liens avec les équipes en poste », relate Virginie en riant. Des péripéties qu’elle prend avec légèreté.

L’une des ambassades croquées par Virginie, celle de New York.

Et c’est finalement, ce que l’on retiendra du joli personnage qu’est cette artiste à l’âme aussi lumineuse que l’est son art : « le point commun entre le Carnaval, la BD, la mode et les ambassades, c’est la fonction même de l’art : en dessinant, je crée des liens et j’ouvre des portes. » Des portes derrière lesquelles une explosion de couleurs s’était cachée…

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