Nous avons pu essayer le temps d’un week-end, la Tesla Model S P85D, la version la plus musclée de la berline électrique nord-américaine. C’est non seulement l’électrique la plus attirante du marché mais c’est aussi et avant tout la plus performante, grâce à une puissance qui, sur le papier, dépasse l’entendement : près de 700ch en cumulant les deux moteurs électriques ! On pourrait vous dire que l’on avait hate de tester la proposition du full électrique Tesla, les performances de la P85D ou encore le concept des superchargeurs… Mais en vrai, on voulait surtout l’essayer pour surprendre nos passagers avec l’accélération réglée sur insane !

Oui c’est un peu nouveau, c’est tout électrique, mais la Model S reste avant tout une automobile. Une belle automobile, une berline élégante, mais dans la livrée qui était celle que l’on nous a confiée, elle peut passer inaperçue. En effet, rien d’excentrique pour notre modèle de prêt : robe blanche, intérieur cuir, jantes de 19 pouces. Seuls les étriers de frein rouges pourraient attester de son dynamisme, mais encore faut-il déjà être un amateur un peu averti. Un ensemble élégant et discret à la fois, si elle n’était pas flambant neuve, peu de gens se retourneraient dessus. Par contre comme son apparence est assez classique, son silence étonne encore plus les passants qui ne soupçonnent pas l’originalité de celle-ci, c’est assez drôle à observer.

Pour pénétrer dans l’auto on approche, clé en poche, la main de la poignée qui s’extrait alors de la porte dans une douce cinématique… Cette petite attention produit son effet ! Une fois installé dans les fauteuils à l’assise irréprochable, notre regard se porte tout de suite sur le gigantesque écran central, de diagonale 17 pouces. Soit la taille exacte de deux iPads en paysage, l’un au-dessus de l’autre. C’est… Grand.
Cet écran tactile géant est le centre névralgique de la Model S, car le poste de pilotage est dépourvu de beaucoup des boutons et comodos habituels. Si les systèmes sans clé se sont largement démocratisés au cours des dernières années, la mise en marche de nos véhicules nécessitait toujours d’appuyer sur un bouton pour démarrer le moteur. Avec la Tesla, même ça c’est terminé. Il suffit de fermer la porte (de boucler sa ceinture) et de passer « le comodo qui remplace le levier de vitesses » sur Drive pour se mettre en marche. De la même façon, si l’on n’allume pas la Tesla, on ne l’éteint pas non plus une fois arrivé à destination. C’est assez troublant. Mais revenons-en à notre écran : c’est là que tout se passe. Non seulement il regroupe les fonctions habituelles de navigation et de multimédia, mais il permet aussi tous les réglages du véhicule dont la plupart étaient encore assignés à des touches ou des boutons. C’est finalement assez normal quand on réfléchit à cette voiture conçue à la Silicon Valley, autant par des ingénieurs automobile que par des ingénieurs logiciel : la Tesla reçoit des mises à jour régulières pour corriger des bugs ou apporter de nouvelles fonctionnalités, comme votre smartphone. Et il est donc plus simple de mettre à jour le logiciel que le matériel, plus simple de changer l’interface qu’un comodo ! Exit aussi les compteurs analogiques derrière le volant, mais ça aussi, c’est une tendance de l’automobile actuelle.
L’habitacle proposé par Tesla, est par ailleurs très classique et de très bonne facture. Du cuir pour les sièges et de l’Alcantara pour le dessus du tableau de bord et les contre-portes équipent notre modèle d’essai. Ces matières nobles ajoutent à la qualité perçue, qui, si elle n’est pas encore au niveau de la concurrence allemande, est déjà bien au-dessus des prestations habituelles de ses consœurs nord-américaines. Les plastiques employés sont aussi satisfaisants, pleins comme il faut. Ce n’est qu’au niveau des ajustements que Tesla pourra encore bien progresser. En effet dans une voiture aussi silencieuse, chaque grincement ou vibration est tout de suite repéré. Et agace un peu.

On savait déjà que le vrai luxe c’était l’espace et Tesla suit cette maxime à la lettre, tant il y a de la place dans le véhicule. Par besoin d’arbre donc pas besoin d’un tunnel central, que de place gagnée. C’est particulièrement notable entre les places avant, équipées d’un gigantesque vide poche un peu triste. On préférera l’option qui le transforme en un rangement qui ferme, car les espaces de rangement justement, ne sont pas légion.

Passons aux choses sérieuses et mettons nous en marche. Les premiers mètres parcourus confirment tout le bien que l’on pense des véhicules électriques et ce silence dans le mouvement est vraiment un plus indéniable. Côté conduite on s’habitue presque instantanément au puissant frein moteur au relevé de la pédale d’accélérateur : on peut conduire presque exclusivement avec cette pédale car lâcher l’accélérateur freine vraiment la voiture. Et bien sûr, à chaque fois, on récupère de l’énergie. La conception du freinage est donc très bonne, mais ce que l’on veut surtout essayer, c’est la fameuse accélération « insane ». On peut en effet régler le mode d’accélération sur Sport ou sur Inouï en bon français. Inouï cela sera, même si l’on préfère le mot anglais. Une avenue large et déserte, on s’immobilise. Il est temps d’essayer… Pied dedans et C’EST LA VIOLENCE ! Catapultés à 100 kilomètres heure en 3 secondes ! Ça ne parle pas beaucoup comme ça mais c’est tout simplement la berline la plus rapide du monde. En effet l’accélération est si saisissante qu’il faut savoir que l’on prend 1 G, on se retrouve collé au fond du siège et mes lunettes de soleil qui étaient posées sur ma tête sont maintenant sur la banquette arrière. La violence. Comme dans un bon manège on sent même son visage tiré légèrement en arrière. Maintenant que l’on a testé la folie de cette accélération on n’a plus qu’une envie, prendre des passagers à bord ! Au cours du week-end ce sont pas moins d’une dizaine de personnes qui ont eu droit au traitement P85D, qui sont maintenant convaincus que les véhicules électriques, en plus d’être écologiques, peuvent aussi être funs.
Sur la route, du centre-ville a la départementale en passant par l’autoroute ou la voie rapide, la Tesla est toujours à son aise, grâce notamment aux aides à la conduite. Que cela soit les détecteurs de distance réglés au centimètre près pour survivre aux artères parisiennes et aux places de parking ou le régulateur de vitesse adaptatif sur autoroute qui accélère tout seul quand on met son clignotant, les assistances sont bien étalonnées et jamais invasives. Il faudra d’ailleurs que l’on ré-emprunte une Tesla maintenant que l’auto-pilot est disponible. Merci les fameuses mises à jour dont nous parlions plus tôt.

La P85D pèse 2,2 tonnes et pourtant on se sent jamais son poids, car il est très bien réparti sur le châssis aluminium. Au plus près à du sol pour préserver le centre de gravité au maximum. Et avec l’aide de la transmission intégrale et ses quatre roues motrices, l’adhérence tout comme la motricité sont de premier ordre. Du très haut niveau, tout à fait comparable à ce que produisent les meilleures transmissions du côté allemand.
Du coup, quand on adopte une conduite sportive, ou au moins dynamique, la P85D répond toujours présent, que cela soit sur l’agilité ou le freinage. On oublie tout et on tape dedans. Les reprises sont aussi insane que l’accélération et on peut se frotter à à peu près n’importe quel véhicule de la production actuelle sans avoir peur d’y perdre son amour propre 🙂
Mais une fois que l’on a un peu joué avec, le principe même de la voiture électrique se rappelle à nous : on tue rapidement l’autonomie à faire n’importe quoi ! Le style de conduite a un impact direct sur l’autonomie. C’est une évidence certes mais il est peut être bon de préciser que cela va du simple au quadruple dans le cas d’une berline aussi puissante : on approche les 400 kilomètres en faisant attention alors que l’on dépassera de peu les 100 kilomètres si on roule à fond… Une fois cela bien intégré, la conduite de la P85D reste un immense plaisir. Silencieuse et si puissante, le moindre dépassement, la moindre insertion se fait en un clin d’œil.

Et si l’autonomie est un vrai sujet, l’approche de Tesla répond à bon nombre des préoccupations sur le sujet, à commencer par le déploiement de ses superchargeurs au plus près des autoroutes. Ces stations de recharges exclusivement dédiées à la marque permettent de recharger très rapidement les Tesla. Dans la philosophie de la marque, cet usage est a réservé aux grandes traversées et n’est pas un mode de recharge du quotidien, les batteries ne pourraient l’encaisser. Pour bien se rendre compte, une recharge domestique s’effectue à environ 12km/h. On regagne 12km d’autonomie en chargeant 1 heure. Et donc sans installation spécifique une charge complète prendrait 40 heures. Et sur un superchargeur ? On recharge a 500km/h ! J’ai moi-même essayé et en 20 minutes on récupère effectivement 60% de capacité. De quoi faire 200km. Il est d’ailleurs possible de suivre à distance l’état de la recharge depuis l’application compagnon Tesla sur smartphone. L’application permet aussi d’interagir avec le véhicule à distance, d’allumer les feux, le klaxon voire le véhicule en lui-même, pour le préchauffer.

Le propriétaire de Tesla n’est d’ailleurs pas livre à lui-même pour préparer ses trajets puisqu’un planificateur (en beta) est intégré à la navigation, permettant de suivre son itinéraire et les recharges nécessaires dans un superchargeur pour rallier son point d’arrivée, le tout étant pris en compte dans le calcul du temps de parcours. Malin.

Innovante, confortable, performante, la Model S P85D semble avoir coché toutes les cases de notre grille d’évaluation imaginaire. Tout n’est pas parfait mais c’est évidement l’électrique la plus séduisante à l’heure actuelle, pour peu que l’on ait bien entendu, accepté le principe même du véhicule full électrique.
Côté tarif il faut compter 120.000eur pour notre modèle d’essai qui est doté de la plus haute finition et du plus gros combo moteurs/batteries, mais pour une Model S un peu moins exclusive comme la 70D les prix démarrent à 70.000, soit le prix d’une grande routière premium « classique ». 

Enfin, merci aux équipes de Tesla pour leur disponibilité.