A l’invitation de l’école de pilotage CD Sport, j’ai pu prendre le volant d’une monoplace Formule Renault 2000 sur le circuit de la Ferté Gaucher. Briefing, découverte de la monoplace et premiers tours de roue dans cet engin extraordinaire, je vous raconte cette expérience hors du commun.

Nous arrivons aux circuits de la Ferté Gaucher et déjà on entend au loin les moteurs qui rugissent. Certains élèves expérimentés, habitués de l’école de pilotage CD Sport, sont déjà en train de tourner sur le circuit. A l’oreille, les Formules Renault font plus un bruit de moto sportive que de Formule Un… Mais il n’est pas encore l’heure d’enfiler la combinaison ignifugée. Dans les box les mécanos s’affairent à préparer les monoplaces. Premier contact visuel, je réalise que je vais vraiment piloter cet engin d’ici peu. Le café à peine avalé, c’est l’heure du briefing.

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BRIEFING

Ambiance studieuse, on sent que les élèves sont un peu stressés. Moi je relativise déjà en me disant qu’après tout, je n’ai jamais roulé en monoplace, mais au moins, j’ai un peu d’expérience sur circuit. Laurent Cazenave, pilote et associé de CD Sport, démarre son briefing. Il nous présente la structure, à la fois écurie et école de pilotage. Sa particularité étant qu’elle est itinérante, à la manière des écuries de F1 et qu’elle est spécialisée dans ma monoplace. Dans la salle, les profils sont très différents, certains n’ont jamais roulé sur circuit et sont là pour une initiation (1 session de 5,6 tours), d’autres, pour une demie journée (comme nous), soit deux sessions sur le circuit, et enfin, certains ont souscrit à la journée complète, soit 4 sessions sur le circuit. Le niveau hétéroclite des élèves explique que le briefing soit très complet, c’est à dire… Très long.

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Laurent aborde les bases du pilotage sur circuit, c’est à dire, faire à peu près tout le contraire de ce que l’on doit faire sur la route habituellement. A commencer par le freinage dégressif, à l’opposé de nos freinages progressifs confortables de tous les jours. Il enchaine par la gestion du rétrogradage au freinage, puis par celle de l’accélérateur… Puis en arrive aux trajectoires, là encore, les néophytes apprennent qu’on doit utiliser au maximum la largeur de la piste. Puis de nous expliquer les différents virages que l’on va rencontrer, et des techniques pour les passer le mieux possible, selon qu’ils sont plus ou moins lents. On en arrive ensuite aux transferts de masse et à l’importance de la coordination volant / pédalier. Tout le monde écoute attentivement.

FORMULE RENAULT 2000

Vient ensuite la présentation de la monoplace. En 2 chiffres, les bases sont posées. 470 kilos pour 200 chevaux. Un rapport poids/puissance qui laisse sur le carreau n’importe quelle GT. Qui dépose même les Formules 3 des écoles de pilotages. Coque tout carbone, fond plat, la conception est la même qu’une F1. La suspension est presque inexistante, tout comme les aides à la conduite habituelles. Il n’y a ni ESP, ni contrôle de trajectoire, pas d’ABS ou encore d’airbag. La monoplace n’a même pas de toit… C’est dire. Par contre elle a des pneus slick énormes, une adhérence folle et un moteur qui peut prendre 75000 tours et 250km/h… Laurent nous explique aussi en détail les spécificités de l’embrayage, doté d’une boite à crabots robotisée avec les palettes au volant. Il y a bien une pédale d’embrayage, que nous n’utiliserons que pour démarrer. Ensuite, à la montée comme à la descente de rapports, les palettes suffisent.

Les élèves commencent à réaliser que dans quelques minutes ils seront dans leur baquet… Et Laurent aborde le briefing sécurité, qui douche un peu les derniers sourires. La pression est totale. Et donc l’idée est d’éviter les têtes à queue, histoire de ne pas gâcher sa session de circuit, voire celle des autres. Un dernier point sur les drapeaux et les commissaires de course et on est bon pour le service. ENFIN.

PILOTAGE

De retour dans les box on enfile nos combinaisons, gants, bottines de course et on attrape un casque. 6 monoplaces nous attendent, alignées sur la voie des stands. Il est temps de se glisser dans la monoplace. Glisser est le terme, tellement c’est étroit. C’est bizarre d’être mi-assis, mi-allongé, les jambes tendues dans la coque, les pieds sur les mini pédales. Le confort est inexistant, et j’arrive tant bien que mal à caler ma grande carcasse. La prise en main du volant n’en est que plus complexe, sans trop de place pour manier le petit volant… Mais l’attente est terminée, il est temps d’essayer de démarrer l’engin.

Après quelques tentatives, la monoplace devant moi prend son envol. A mon tour. Face à moi, l’instructeur me dicte les étapes. Je mets le contact, puis appuie sur le démarreur. Le moteur démarre. Je dois aller accélérer pour monter le régime à 3000t/m puis stabiliser. Alors je peux délicatement débrayer, millimètre par millimètre. La monoplace avance, mais il faut continuer à être très doux avec le relevé de pédale. Mais ça fonctionne bien pour moi, je pars du premier coup. Comme on nous l’a dit, je passe vivement la seconde puis la troisième. Je suis lancé, voilà le premier virage à gauche pour sortir des stands. La monoplace vire très facilement, alors qu’il n’y a aucune assistance dans la direction, je la trouve très légère et agréable. Je suis dans la grande ligne droite, déjà à 150km/h en 4ème, alors qu’approchent les plots pour le gros freinage, déjà. Connaissant le principe du freinage dégressif, j’y vais franchement, et évidemment, je bloque les roues. Je soulage immédiatement et freine à nouveau, je suis maintenant à la bonne allure pour passer le premier virage à gauche très serré. Mais le virage, il est dans 40 mètres. Voilà en quoi vont consister les premiers tours, à se familiariser avec l’efficacité de la FR2.0, c’est à dire trouver les bonnes distances de freinage, les bons dosages. Parce que côté trajectoires, le travail est pré-maché avec les plots qui matérialisent les freinages et les points de corde. Virages après virages, tour après tour, je mémorise le tracé assez vite et donc j’essaie d’améliorer mes passages, en freinant un peu plus tard, ou un peu plus fort, en attaquant plus les trajectoires. Toute la session se passe en 3 ou en 4, avec de belles marges de sécurité, le briefing ayant fait son effet. J’ai même l’occasion de faire de mon premier dépassement en monoplace, quand un commissaire me montre le drapeau bleu dans la ligne des stands. Je pourrai dépasser dans la ligne droite. Quel pied d’arriver derrière lui, de déboiter pour le doubler… On s’y croirait. Arrive bientôt le drapeau à damier pour indiquer mon dernier tour, à mi-tour je laisse refroidir les freins et rentre aux stands.

Nos instructeurs nous livrent un débriefing individuel, ce que l’on a bien et moins fait, les axes d’améliorations. Dans quel rapport prendre tel virage, regarder plus loin, freiner plus tard… On n’a qu’une envie, y retourner.

Dans la deuxième session de pilotage, on essaie de mettre en application les conseils reçus, et on connait déjà mieux le tracé. On roule plus vite et on dépasse le régime max conseillé de 5000 tours de la première session. Entre 5 et 7000 tours, la monoplace change de personnalité. Elle est plus bestiale, plus sauvage. On enchaine les tours à une allure plus soutenue, on attaque plus les trajectoires, cherchant un peu la limite d’adhérence. Une fois ou deux j’ai senti le train arrière glisser à peine, mais ça se gère étonnamment bien. On se régale, sauf quand une monoplace ne respecte pas les drapeaux bleus, refusant de se laisser dépasser… Un rappel à l’ordre et un passage par les stands, le récalcitrant est maintenant derrière moi. Loin derrière moi. On exploite plus les différents rapports de boite, en 5 et en 6 à plus de 200km/h dans la ligne droite, puis à 20km/h en 3eme 50 mètres plus loin… Quel bonheur ! On boucle 6 ou 7 tours avant de rentrer pour de bon aux stands, où notre instructeur nous livre un nouveau débrief. On n’a pas été mauvais, on s’est régalé et en plus, on a senti la progression entre les deux sessions, très clairement. Il est alors temps de quitter nos combinaisons… C’est déjà fini.

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Cette première expérience en monoplace était exceptionnelle, et pourtant j’ai eu la chance de piloter sur circuit à plusieurs occasions. La légèreté, la puissance et l’absence de toute aide électronique dans la monoplace changent tout. On se sent seul responsable de ce qui se passe, en prise directe avec la piste. Et se voir progresser au fil des tours est une sensation très grisante. Quand est-ce qu’on y retourne ?

Si cette expérience vous attire, n’hésitez pas à aller faire un tour sur le site de CD SPORT et aller essayer la monoplace avec eux. Accueil et pédagogie au top, instructeurs dispos et sympas, conseils personnalisés… Et je ne parle même pas des sensations que ça procure ! 

Un énorme merci à Laurent et ses équipes pour cette expérience, leur accueil et leur disponibilité.

BONUS : une journée de stage chez CD Sport, en vidéo.